10 janvier 2012
Voilà qu’a ressurgi, brutalement, le débat sur la TVA sociale.
Sauf que cette fois, il reste pratiquement 100 jours avant vous savez quoi et que ça sent le passage en force à plein nez ? Alors ?
Volonté de faire parler d’autre chose que de Karachi ? Envie de l’UMP de mettre le nez des Socialistes dans le domaine économique où le mot « dépense publique » fait office d’épouvantail ?
Bon… au moins on parle de concret, de projet. A voir si ça resistera longtemps à l’affaire du « sale mec » ou toute autre polémique à durée de vie limitée mais au fort pouvoir de diversion…
Toujours est-il que l’objectif de cette TVA dite « sociale » est d’augmenter la TVA afin de permettre un allégement des charges pesant sur le coût du travail. Dit comme ça, ça paraît être une bonne idée, ça paraît innovant, on dirait du protectionnisme malin et acceptable mais … ça ne marchera pas.
Pour avoir dirigé pendant 7 ans une PME d’une quinzaine de salariés, je peux vous affirmer que ça ne fonctionnera pas. Gagner une poignée de pourcent d’allègement sur les charges patronales et salariales relèvera du saupoudrage. Ce sera quasiment imperceptible. Ce qui le sera beaucoup moins, c’est l’impact sur le pouvoir d’achat des consommateurs français, déjà pietiné par la crise, par le chômage, par les augmentations de ce début d’année et autres.
Cela fait des années que la droite ou la gauche pratiquent une politique d’allègement des charges, de contrats aidés ceci, de machins allégés cela. Or voyons le résultat : toujours plus de chômage, toujours plus de déficit commercial et la compétitivité de nos entreprises en berne.
En Allemagne, la moyenne de salariés dans les PME est plus elevée qu’en France (autour de 80 salariés en moyenne par PME outre Rhin pour 20-25 en France). Ce chiffre explique en partie la mise en pratique de cette mesure chez nos voisins et son succès. Quant à sa transposition et son succès chez nous…
Une mesure proposée en 2007 par François Bayrou avait été jugée efficace par un cabinet d’économistes indépendants : les fameux 2 emplois sans charges pendant 5 ans. J’espère qu’une mesure de ce genre sera proposée à nouveau en 2012 car tout doit être fait pour que les PME, qui peinent en plus à obtenir du crédit pour se développer, puissent au moins embaucher plus facilement.
On sent intuitivement que dans le paysage français, le plombier, le coiffeur, le garagiste, l’artisan ne sont pas loin de pouvoir embaucher une ou deux personnes supplémentaires. Parfois, ils y renoncent par peur du coût salarial, par les barrières à la fois psychologiques et économiques que représentent le licenciement. Et sans bras supplémentaires, impossible d’accepter un nouveau marché, une nouvelle affaire, impossible de se développer. On en reste à son étage en regardant dubitativement l’étage supérieur en se disant qu’il est hors de portée.
Ce qu’il faut c’est aider l’emploi, aider le mécanisme qui fait que l’on peut embaucher. A l’époque dans mon studio j’avais pu embaucher 3 personnes supplémentaires grâce au contrat CNE (nouvelle embauche). Pas par idéologie de droite. Pas pour le plaisir de pouvoir me « débarrasser » des salariés plus facilement.
Mais parce que cela permettait de répondre à de nouveaux clients, en étant serein au niveau de l’embauche. Sans mettre en jeu toute l’entreprise et les autres emplois qu’elle comptait, nous avons alors pu développer un peu plus notre activité, à notre rythme, sans trop de craintes.
Libérons vraiment l’emploi. Levons les barrières qui sont un frein à l’embauche. Travaillons vraiment ces sujets, des dizaines de milliers d’entreprises attendent vraiment cela. Sans renier le minimum social qu’il faut garantir à chaque salarié.
Il sera intéressant de voir quelles propositions voire quelles contre propositions seront présentées lors du prochain sommet social.
Si seule la TVA sociale est présentée pour améliorer la compétitivité des entreprises et l’emploi, je crains que nous ne courrions à un nouvel echec. Et chaque nouvel echec désormais sera payé au prix fort.
Demain est un autre jour.