19 juin 2012
François Bayrou a souvent eu une vision juste, un projet cohérent. Cela fondait notre indépendance, condition préalable pour faire de la politique autrement.
Il a eu un discours de vérité et de sincérité qui a été reconnu par l’opinion publique pendant la campagne présidentielle.
Mais 3 échecs successifs aux présidentielles, des européennes et régionales ratées, des municipales en demi teinte, ont vidé le Modem de sa substance. A cela s’ajoute le récent échec personnel de François Bayrou dans sa circonscription.
Comment alors qu’un fort élan était né lors du premier tour de la présidentielle 2007 a-t-on pu en arriver à un tel degré de délabrement de ce courant politique ?
En premier lieu, on peut citer le décalage entre le discours de la méthode de François Bayrou (parler à l’intelligence des gens, élever le débat public, rassembler, etc.) et la façon tout à fait contraire dont le parti MoDem est géré, le peu d’intérêt pour les militants, le mépris ou l’indifférence à l’égard des cadres locaux et des Mouvements Départementaux.
Sur le plan de la ligne politique, force est de constater que le parti est coupé en trois entre les sensibilités de gauche ayant appelé à voter Hollande, celles de droite ayant appelé à voter Sarkozy et ceux fidèles à l’indépendance n’ayant rien exprimé. Comment remporter des sièges dans cette configuration, quels électeurs se tourneront vers un tel manque de cohérence ? Alors que l’émergence d’une 3eme force politique indépendante des deux courants majoritaires et sempiternels en France était le mot d’ordre en 2007, cette ligne volait en éclat à peine un an plus tard aux élections municipales, où les différents MoDem locaux, avec l’aval du national, s’alliaient qui avec la droite à Bordeaux, qui avec la gauche à Lille etc… A noter qu’à Lyon la liste représentant le MoDem aux dernières municipales eut toutes les difficultés du monde à pouvoir exister, alors qu’elle représentait seule la ligne d’indépendance voulue en 2007 dans la 3eme ville de France.
Le MoDem avait, déjà, perdu sa force, sa crédibilité et s’en suivirent des régionales et des européennes en conséquence, avec une désaffection croissante pour un parti dont plus personne ne pouvait dire ce qu’il représentait vraiment. Le score récent des présidentielles (9.1%) n’est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. Comme un signe qu’il reste dans le pays des citoyens qui veulent changer certaines choses, maisdont les rangs se sont clairsemés à l’image d’un parti dont l’image reste floue.
François Bayrou doit faire un dernier geste envers le courant politique dont il a été l’héritier et qu’il a parfois bien seul porté à bout de bras : il doit passer la main.
Non pas à d’autres “figures” comme Jean-Louis Borloo ou Hervé Morin, les petits chefs nostalgiques de l’UDF accrochés envers et contre tout à la droite.
Il doit passer le flambeau non pas à une personne mais à une nouvelle génération de personnes : enseignants, chercheurs, techniciens, artistes, entrepreneurs, scientifiques, communiquants. Changer la politique c’est avant tout changer les hommes qui la font.
Le MoDem doit être profondément repensé. Non plus au centre mais au delà des clivages traditionnels. Pas seulement modéré (qui laisse à penser à une certaine inaction) mais équilibré et s’inscrivant pleinement dans l’action militante, dans les idées originales, hors de toute idéologie si ce n’est celle du bon sens et d’un rapport réaliste aux ressources financières et naturelles.
Le dernier geste de Bayrou, passer le flambeau, ne nécessite pas son retrait. Qu’il reste auprès de cette famille, qu’il la conseille et l’éclaire. Mais il ne peut plus la diriger eu égard aux echecs électoraux et l’incapacité à avoir fédéré un parti stable et cohérent.
Cette nouvelle page, il peut la tourner avec nous et nous laisser l’écrire dans la perspective réelle et sensée qu’il a tracé.
Benjamin Yoris
Conseiller national MoDem pour le Rhône
06 63 15 25 29
byoris@gmail.com
juin 19th, 2012 at 12 h 29 min
J’ai peut-être mal compris son geste envers Hollande le mois dernier…
Mais pour moi, Bayrou ne fait plus partie du centre. Je ne revoterai plus jamais pour lui.
juin 19th, 2012 at 14 h 33 min
@Pierre
Pourquoi, en appelant à votre pour Hollande, Bayrou ne serais plus au centre ?
Le centre n’est pas lié à droite, ni à gauche. En faisant cet appel, il donné la liberté au centre (au véritable centre).
De plus, il n’a pas voté contre la droite car il veut travailler la droite modérée. Il a voté contre les valeurs du Sarkozisme, ces valeurs qui sont contraire au centre.
Il faudrait peut-être que la droite se pose la question : pourquoi Bayrou est partie du centre droit ?
Si la droite trouve la réponse alors elle pourra travailler de nouveau avec Bayrou et les centristes libre (si il y a changement de la politique de celle-ci).
juin 20th, 2012 at 22 h 55 min
@Pierre: Mais quand le centre était systématiquement lié à la droite, est-ce que cela vous gênait? Et puis, Bayrou s’est bien gardé d’appeler les membres de son mouvement à voter pour F. Hollande. Il a juste annoncé ce que serait son choix personnel. En quoi est-ce choquant?
@AG59: « Il a juste voté contre les valeurs du sarkozysme »… Oui! Mais il faut bien reconnaître que malheureusement ces valeurs étaient bien partagées par beaucoup à l’UMP. Et que les soi-disant centristes de la droite ont été bien silencieux durant le dernier septennat.
juin 22nd, 2012 at 6 h 55 min
Sauf erreur, je n’ai jamais entendu François Bayrou à voter Hollande.
Je l’ai entendu dire que lui « voterait Hollande », c’est tout. Après ça, le choix était laissé à chacune et chacun,en toute démocratie, de voter pour qui lui semblerait.
C’est bien ça le centre !
Je suis, en revanche, assez d’accord sur cette sorte de mépris envers les militants et adhérents. Mépris en cascade dont font preuve également les cadres locaux.
En toute autocratie…
juin 22nd, 2012 at 16 h 56 min
Le Modem a échoué à capitaliser la sympathie envers FBayrou au lendemain des élections de 2007 car il était miné de l’intérieur par toutes celles et tous ceux qui ne voulaient pas d’un positionnement original. Le temps leur a donné raison.
Car la plus grande erreur a été de ne pas vouloir porter une ligne politique bien plus claire. Or, depuis plus de 4 ans nous subissons une crise européenne forte : le Modem n’a pas su incarner le rêve européen par manque de courage et de perspective stratégique. C’est dommage : l’histoire se fera ailleurs et sans le Modem.
juin 23rd, 2012 at 21 h 00 min
[…] Jégou, Jacqueline Gourault « qui vont cuisiner la tambouille ». Et demande, à Bayrou, dans un billet de blog, de « passer la main […]
juin 23rd, 2012 at 22 h 14 min
MARTIAL 19/06/2012 ANALYSE ECHEC BAYROU ET MODEM AUX LEGISLATIVES 2012-06-18
Les difficultés, sinon l’échec du MoDem de F Bayrou, peuvent s’expliquer par des causes externes (I) mais aussi par des causes internes (II)
I) LES CAUSES EXTERNES DES DIFFICULTES
UN SYSTEME POLITIQUE MAJORITAIRE DONT
UN DES EFFETS PERVERS EST D’ELIMINER UN CENTRE INDEPENDANT
Par construction, ce système est construit pour dégager des majorités stables ce qui élimine mécaniquement et systématiquement la possibilité d’existence durable d’un Centre indépendant susceptible de faire pencher la balance tantôt à droite tantôt à gauche.
Ce système majoritaire favorise donc des alliances à droite ou à gauche pour la conquête et la conservation du pouvoir. Il exerce une force centrifuge qui élimine le Centre et constitue 2 blocs antagonistes sur les mesures à prendre à priori mais d’accord pour conserver un systèmes qui sert les 2 partis dominants.
LA CRISE DE LA MORALE DE LA POLITIQUE ET DE LA FINANCE
La colère du Peuple, face à la montée des dangers, de la précarité alors que la corruption et les inégalités obscènes se multiplient, la colère du Peuple se manifeste par la montée des abstentions et la poussée vers les extrêmes
Un centrisme réaliste et raisonnable face à la crise n’est pas entendu par nombre d’électeurs en colère.
UNE HOSTILITE DE LA CLASSE MEDIATIQUE
Qui préfère les débats idéologiques simplistes Gauche Droite.
Ce qui lui évite de parler des problèmes graves de la crise concrètement.
Et des mesures de redressement qui gênent les Partis dominants.
II) LES CAUSES INTERNES TENANT A LA STRATEGIE DU MODEM
UNE DOCTRINE POLITIQUE FLOUE
Cela se révèle par la création de nouvelles dénominations ou marques pour le mouvement démocrate.
Par exemple, la création de la marque « LE CENTRE POUR LA France »
C’est une grossière erreur :
C’est une marque déceptive, c’est-à-dire trompeuse en raison de l’existence de plusieurs partis qui se réclament du centre, dont les positionnements sont totalement contradictoires ; Le Nouveau Centre, l’Alliance centriste, le Parti Radical valoisien par exemple sont à droite. Ils font partie intégrante de l’UMP, alors que le Centre pour la France, issu du MoDem n’est ni de droite ni de gauche, il se veut indépendant.
Or pour imposer une marque nouvelle, il faut une grande homogénéité dans le concept et dans sa communication ; de plus il faut beaucoup de temps pour l’imposer et pas en quelques jours.
En bref cette nouvelle marque ajoute à la confusion générale et entraîne un problème d’identification. Ce qui est un comble pour un parti politique qui cherche des électeurs et qui se positionne politiquement hors système en réaction au système majoritaire qui crée des réflexes de vote quasi automatique en faveur des 2 partis dominants PS UMP.
Illustrations
– Une nouvelle marque qui a réussi pour promouvoir la vile de Lyon « ONLY LYON », adossée à un Logo clairement identifiable : un Lyon.
– Une nouvelle marque qui a échoué : un contre exemple parfait. Pour promouvoir la ville de Paris dans le monde entier, il a été proposé : « ISLE DE FRANCE » Raté : certains imaginaient qu’il s’agissait effectivement d’une Isle située vers la Bretagne !
– Une autre marque qui a réussi après un échec retentissant : « SUD DE France » simplicité = efficacité.
Circonstances aggravantes :
– Le Centre pour la France de F Bayrou était censé regrouper « les Centres ». Ceci n’est pas logique, car on ne peut regrouper sous une même bannière, que des organisations politiques qui poursuivent le même but, le même intérêt. Or en l’occurrence les buts poursuivis par les différents partis concernés étaient totalement contradictoires.
– Cette nouvelle marque de dernière minute créée pour les Législatives suivait une autre création tout aussi
Inopportune et inefficace à savoir le concept ‘du « MOUVEMENT CENTRAL »
Cela traduit à l’évidence un besoin d’approfondissement et de choix clair de la doctrine de ce Parti qui manque de solidité face aux critiques sarcastiques des concurrents trop heureux de voir les hésitations de ce nouveau parti risquant de troubler les règles du jeu politicien.
UNE CONDUITE TROP PERSONNELLE DU MODEM
Pas de dynamique locale dans les Fédérations départementales.
Le Parti est trop centré sur Paris et les proches.
BAYROU A VOTE POUR HOLLANDE AU SECOND TOUR
En cela il sort de son positionnement Ni d Ni G
juin 27th, 2012 at 7 h 07 min
Bravo Benjamin, tu as mis deux ans pour finir par dire ce que je disais depuis 5 ans et dont tu contestais la teneur,il y a encore peu, en particulier sur les élections locales et le traitement envers les militants ( moi meme censuré partout comme un malpropre avec le soutien massif de la plupart des aveugles politiques du MoDem)
bref ,j’ai eu tort d’avoir raison trop tot, mais j’avoue que de te voir enfin, me donner raison, me procure une jouissance non contenue
bref Bayrou a tout raté, mais ne t’inquiète pas ce sera encore de la faute des autres
juin 29th, 2012 at 1 h 41 min
[…] Jégou, Jacqueline Gourault « qui vont cuisiner la tambouille ». Et demande, à Bayrou, dans un billet de blog, de « passer la main […]