François Bayrou a souvent eu une vision juste, un projet cohérent. Cela fondait notre indépendance, condition préalable pour faire de la politique autrement.
Il a eu un discours de vérité et de sincérité qui a été reconnu par l’opinion publique pendant la campagne présidentielle.

Mais 3 échecs successifs aux présidentielles, des européennes et régionales ratées, des municipales en demi teinte, ont vidé le Modem de sa substance. A cela s’ajoute le récent échec personnel de François Bayrou dans sa circonscription.

Comment alors qu’un fort élan était né lors du premier tour de la présidentielle 2007 a-t-on pu en arriver à un tel degré de délabrement de ce courant politique ?

En premier lieu, on peut citer le décalage entre le discours de la méthode de François Bayrou (parler à l’intelligence des gens, élever le débat public, rassembler, etc.) et la façon tout à fait contraire dont le parti MoDem est géré, le peu d’intérêt pour les militants, le mépris ou l’indifférence à l’égard des cadres locaux et des Mouvements Départementaux.

Sur le plan de la ligne politique, force est de constater que le parti est coupé en trois entre les sensibilités de gauche ayant appelé à voter Hollande, celles de droite ayant appelé à voter Sarkozy et ceux fidèles à l’indépendance n’ayant rien exprimé. Comment remporter des sièges dans cette configuration, quels électeurs se tourneront vers un tel manque de cohérence ? Alors que l’émergence d’une 3eme force politique indépendante des deux courants majoritaires et sempiternels en France était le mot d’ordre en 2007, cette ligne volait en éclat à peine un an plus tard aux élections municipales, où les différents MoDem locaux, avec l’aval du national, s’alliaient qui avec la droite à Bordeaux, qui avec la gauche à Lille etc… A noter qu’à Lyon la liste représentant le MoDem aux dernières municipales eut toutes les difficultés du monde à pouvoir exister, alors qu’elle représentait seule la ligne d’indépendance voulue en 2007 dans la 3eme ville de France.

Le MoDem avait, déjà, perdu sa force, sa crédibilité et s’en suivirent des régionales et des européennes en conséquence, avec une désaffection croissante pour un parti dont plus personne ne pouvait dire ce qu’il représentait vraiment. Le score récent des présidentielles (9.1%) n’est ni vraiment bon, ni vraiment mauvais. Comme un signe qu’il reste dans le pays des citoyens qui veulent changer certaines choses, maisdont les rangs se sont clairsemés à l’image d’un parti dont l’image reste floue.

François Bayrou doit faire un dernier geste envers le courant politique dont il a été l’héritier et qu’il a parfois bien seul porté à bout de bras : il doit passer la main.

Non pas à d’autres “figures” comme Jean-Louis  Borloo ou Hervé Morin, les petits chefs nostalgiques de l’UDF accrochés envers et contre tout à la droite.

Il doit passer le flambeau non pas à une personne mais à une nouvelle génération de personnes : enseignants, chercheurs, techniciens, artistes, entrepreneurs, scientifiques, communiquants. Changer la politique c’est avant tout changer les hommes qui la font.

Le MoDem doit être profondément repensé. Non plus au centre mais au delà des clivages traditionnels. Pas seulement modéré (qui laisse à penser à une certaine inaction) mais équilibré et s’inscrivant pleinement dans l’action militante, dans les idées originales, hors de toute idéologie si ce n’est celle du bon sens et d’un rapport réaliste aux ressources financières et naturelles.

Le dernier geste de Bayrou, passer le flambeau, ne nécessite pas son retrait. Qu’il reste auprès de cette famille, qu’il la conseille et l’éclaire. Mais il ne peut plus la diriger eu égard aux echecs électoraux et l’incapacité à avoir fédéré un parti stable et cohérent.

Cette nouvelle page, il peut la tourner avec nous et nous laisser l’écrire dans la perspective réelle et sensée qu’il a tracé.

Benjamin Yoris
Conseiller national MoDem pour le Rhône
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